Monsieur le Ministre, vous venez d’être porté à la tête du très stratégique Département de l’Economie, du Plan et de la Coopération. Pouvons-nous avoir quelques orientations sur votre lettre de mission ?
Permettez-moi avant de répondre à votre question, de remercier une fois de plus Monsieur le Président de la République Son Excellence Macky SALL, pour la confiance placée en moi, en me nommant Ministre de l’Economie du Plan et de la Coopération. C’est un grand honneur et une immense responsabilité.
Je saisis l’occasion pour lui exprimer ma plus profonde reconnaissance pour l’opportunité qu’il m’offre de servir mon pays et de continuer à l’accompagner dans la mise en œuvre de ses orientations économiques.
Je voudrais aussi exprimer ma fierté de faire partie des témoins privilégiés de sa détermination à faire avancer la République pour ouvrir une nouvelle ère pour le Sénégal, et sa ferme volonté de bâtir un état moderne, prometteur d’un avenir meilleur, auquel il continue de consacrer toute son énergie.
Pour en revenir à votre question, je rappelle, comme vous le savez d’ailleurs, que le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC) est le moteur de l’organisation de l’économie sénégalaise.
Dans l’architecture gouvernementale, le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération est chargé de préparer et d’appliquer la politique définie par le chef de l’Etat, en matière économique et financière, de planification du développement, de population, de statistiques et de coopération.
Cela dit, sa mission est d’assurer la mise en place de politiques et stratégies aux fins de stimuler le développement de l’ensemble des secteurs de l’économie sénégalaise et ainsi créer les conditions d’une croissance durable et inclusive.
En résumé, en tant que ministre en charge de l’économie, j’ai la responsabilité d’interpréter sans fausse note, c’est à dire de la manière la plus harmonieuse qui soit, et sous l’orchestration de Monsieur le Premier Ministre Amadou Ba, une partition écrite par Son Excellence M. le Président de la République Macky Sall.
C’est lui qui a, en effet, fixé la trajectoire du Sénégal vers l’émergence et a mis le rayonnement international de notre pays, sa stabilité politique et la solidité de ses institutions, au cœur de la dynamique économique.
Cette dernière, je le rappelle, a été enclenchée depuis 2012, à travers un solide plan de croissance, qui s’attache à créer de l’emploi et à protéger le pouvoir d’achat des sénégalais pour améliorer de leur vie quotidienne.
C’est un défi qui répond à un enjeu, à la fois, démographique et sociétal. Les résultats du tout dernier recensement de la population montrent l’importance de la frange jeune de notre pays.
Qui dit avenir, dit jeunesse. Nous allons donc, dans notre mission, aider les jeunes, à travers le secteur privé national et l’entreprenariat, à porter la promesse d’une croissance créatrice de prospérité. Ce sera à cette jeunesse, si entreprenante, de créer l’étincelle d’une véritable souveraineté économique. Ces jeunes dont je veux louer ici le dynamisme économique, constituent le socle de la dynamique de ce « Sénégal du Futur », d’émergence et de souveraineté, dont le Président de la République ne cesse de poser les jalons. Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération est une pièce maîtresse de ce projet économique présidentiel.
Récemment, vous venez de signer trois (3) conventions de financement en soutien au développement de notre réseau d’infrastructures autoroutières, aéroportuaires et pour l’assainissement de la nouvelle ville de Diamniadio. Quelle est la portée économique et sociale de ces financements pour l’économie urbaine et locale ?
Il s’agit de trois (3) conventions de financement signées, à Lomé, avec la BIDC et la BOAD, en soutien au développement de notre réseau d’infrastructures autoroutières, au prolongement du Train Express Régional (TER) vers l’aéroport Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) et au développement du réseau d’assainissement de la nouvelle ville de Diamniadio. Le montant global de ces trois accords est de 100 milliards de francs CFA.
La première convention signée avec la BIDC concerne le financement de la construction du tronçon Tivaouane-Mékhé de l’autoroute à péage Dakar-Tivaouane-Saint-Louis. La deuxième convention, également, signée avec la BIDC est relative à la construction d’une station d’épuration de réseaux d’assainissement et de travaux d’urgence d’aménagement intégré de la voirie primaire du pôle urbain de Diamniadio.
Ces deux financements d’un montant global de 65 milliards sont la consécration de la mise en œuvre de la stratégie ambitieuse du Sénégal d’amplification de sa politique de développement économique qui passe aussi par la modernisation de ses infrastructures. La BIDC et le gouvernement du Sénégal sont en parfaite adéquation pour donner une impulsion encore plus vigoureuse à leur partenariat, dont l’essence est d’améliorer le mieux-être de nos populations.
La troisième convention de financement, d’un montant de 35 milliards, a été signée avec la BOAD. Elle est relative au prolongement du TER de Diamniadio vers l’Aéroport International Blaise Diagne. Ainsi, la future connexion ferroviaire mettra le cœur de la capitale à trois quarts d’heure de notre principale plateforme aéroportuaire. En effet, faire de Dakar un hub aérien à l’horizon 2035 passe aussi par la garantie d’une meilleure accessibilité de son aéroport de référence. La future liaison ferroviaire entre l’aéroport et le centre de la capitale sénégalaise va procurer aux usagers de l’AIBD une expérience voyageur comparable à ce qui se fait de mieux dans le monde.
En somme, le Sénégal peut aujourd’hui se prévaloir d’une coopération étroite et fructueuse avec les Institutions financières africaines et internationales fondée sur sa crédibilité financière, sa stabilité politique et la pertinence de ses projets d’infrastructures structurantes et générateurs de croissance.
Votre Ministère, à travers l’Agence Nationale de Statistique et de la Démographie (ANSD) , a été la main d’œuvre du dernier recensement de la population. Quels enseignements socioéconomiques pourrait-on tirer de ces résultats ?
Je voudrais tout d’abord féliciter l’ANSD pour ce travail minutieusement réalisé, qui répond à l’engagement international pris par le Gouvernement auprès des Nations unies, de procéder, chaque 10 ans , à un recensement général. C’est le lieu également de remercier toute la population sénégalaise pour leur franche collaboration et la fiabilité des informations fournies ainsi que l’ensemble des partenaires au développement pour leur appui constant et multiforme pour la réalisation de cette opération. Il faut préciser que l’Etat du Sénégal a apporté 99% du financement des activités de ce recensement.
Comme vous le savez, le Recensement général de la Population et de l’Habitat permet de recueillir et de déterminer les besoins des sénégalais afin de mieux planifier le processus de développement économique et social ainsi que de mettre en place les équipements et infrastructures adéquats. Pour rappel, le Sénégal est à son cinquième recensement (RGPH-5) depuis 1976, dont deux (2) réalisés sous le magistère du Président Macky SALL, en 2013 et en 2023.
Cette édition intervient donc dans un contexte opportun qui est celui de la formulation de la troisième phase du Plan d’Actions prioritaires (PAP) du PSE, pour la période 2024-2028. Les données mises à jour nous permettent d’affiner nos stratégies au bénéfice de toutes les couches sociales, pour ne laisser aucun sénégalais en rade.
Les enseignements du RGPH-5 sont multiples : Une population marquée par sa jeunesse La moitié de la population est âgée de moins de 19 ans et plus de trois-quarts de la population a moins de 35 ans. Ce premier constat appelle à la mise en place d’une politique publique holistique d’éducation, de santé, de nutrition, de formation et d’emplois. Une population concentrée sur l’axe Dakar-Thiès-Diourbel Le second enseignement de ce recensement est la concentration de la population sur le triangle Dakar-Thiès-Diourbel. Le département de Mbacké, avec 1 359 757 habitants, devient le plus peuplé du Sénégal, suivi de celui de Dakar (1 182 416 habitants) et l’Est du territoire national reste encore faiblement peuplé. Ce constat vient confirmer l’opportunité de renforcer le triangle de prospérité identifié dans le PAP-1 (2014-2018), Dakar-Thiès-Diourbel. Cet axe est sans conteste un cadre d’attractivité, de productivité et d’expansion de la richesse nationale. Près de la moitié des ménages pratique une activité agricole Le troisième constat est que 45,6% des ménages du Sénégal pratiquent une activité agricole, soit 908 628 ménages.
L’agriculture constitue un pilier fondamental de la Politique de développement du Sénégal. Depuis 2014, davantage d’efforts ont été consentis pour améliorer la production et la productivité par l’accompagnement des producteurs dans l'accès aux intrants et au matériel agricole, afin d’accroitre les revenus des producteurs. Le Sénégal fait partie des pays qui consacrent au moins 10% de leur budget national au secteur agricole, conformément à l’engagement de Maputo. Ratio homme/femme en faveur des hommes : 50,6% d’hommes et 49,4% de femmes Les résultats montrent également qu’il y a globalement plus d’hommes que de femmes avec un rapport de masculinité global de 102 hommes pour 100 femmes. En effet, ce ratio en faveur des hommes s’explique par l’accroissement de l’effectif des jeunes garçons dans la tranche d’âge des moins de 15 ans, avec un rapport de 110 garçons pour 100 filles.
En revanche pour les tranches d’âges 15-34 ans et 60 ans ou plus, la tendance s’inverse en faveur des femmes avec respectivement 98 et 93 hommes pour 100 femmes.
Ces résultats peuvent s’expliquer par les performances en matière de santé de la mère et de l’enfant. A ce titre, le Sénégal est classé parmi le groupe des pays réalisant les meilleures performances au monde. Sur la première décennie de mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle ont connu des baisses drastiques. En effet, la mortalité maternelle a été réduite de moitié pour se situer à 193,3 décès pour 100 mille naissances vivantes tandis que la mortalité infanto-juvénile a baissé de 19 pour mille, pour s’établir à 35 décès pour mille naissances.
En somme, c’est dire que les résultats du RGPH-5 arrivent à un moment opportun de la vie de notre nation. Et j’ose espérer que la lumière qu’elle apporte au PAP-III va définitivement installer l’économie nationale sur la rampe de l’émergence en 2035.
Également, le PAP 3 qui est en phase de finalisation accorde une place de choix aux secteurs émergents. Quels sont ces secteurs émergents ? Comment la taxonomie de ces secteurs devrait-elle permettre de booster la transformation structurelle de l’économie ?
L’élaboration du PAP III a été l’occasion de procéder à un diagnostic complet de la première décennie de mise en œuvre du PSE et de relever les secteurs porteurs de la dynamique de création de richesses et d’emplois. Cet exercice a été rendu possible par la réalisation d’une taxonomie qui constitue une classification des branches d’activités économiques en quatre (04) grands secteurs parmi lesquels les secteurs émergents et les secteurs moteurs de croissance.
Les secteurs émergents sont les branches d’activité qui font dans la seconde phase du PSE (2019-2023) de bonnes performances économiques, avec un taux de croissance supérieur ou égal à 7%, en comparaison à la période antérieure (2014-2018). Il s’agit de : l’hébergement et la restauration, la fabrication de produits agroalimentaires, les activités immobilières et le transport, les activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives.
Les secteurs moteurs sont les branches d’activité qui faisaient et continuent de faire de bonnes performances économiques. Il s’agit des activités extractives, des services financiers, de la construction, de la production et de la distribution d’électricité et de gaz, des activités spécialisées scientifiques et techniques, de l’agriculture et activités annexes, et de la fabrication de produits chimiques de base.
Les secteurs émergents et moteurs, constituant 44% du PIB, sont fondamentaux dans l’orientation des investissements. Pour les cinq prochaines années (2024-2028), le Gouvernement adressera les cinq (05) défis ci-après, pour consolider la position du Sénégal sur la trajectoire de l’émergence, à l’horizon 2035 : la construction d’une économie compétitive, inclusive et résiliente ; le développement d’un capital humain de qualité et capture du dividende démographique ; le renforcement de la résilience des communautés face aux risques de catastrophes ; la consolidation de la gouvernance et d’une Administration publique moderne, transparente et performante ; l’adaptation d’un financement intégré de l’économie. L’objectif global du PAP III est d’impulser une croissance inclusive et durable à travers l’accélération de l’industrialisation et la promotion d’une économie résiliente. Pour y parvenir, le Gouvernement s’appuiera sur neuf (09) domaines moteurs : la Souveraineté alimentaire, le Hub Multiservices et Tourisme, la Modernisation graduelle de l'Économie sociale, le Développement durable, l’Habitat social et l’écosystème de la construction, la Transition et la sécurité énergétiques, les Infrastructures et Hub logistique industriel et régional, l’Industrialisation et la Transition numérique.
Ces domaines regroupent un portefeuille de projets et de réformes dont l’exécution obéit à une logique de filières, en lien avec la Stratégie de développement du Secteur privé qui a identifié 24 filières à haut potentiel de valeur ajoutée et de création d’emplois. La mise en œuvre du paquet de réformes permettra l’essor d’un secteur privé national fort et le renforcement de l’inclusion financière.
Les zones économiques spéciales (ZES) constituent une priorité dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE). Cette initiative pourrait-elle permettre au Sénégal d’atteindre une compétitivité commerciale et industrielle ?
Oui ! les zones économiques spéciales (ZES) peuvent jouer un rôle crucial dans le renforcement de la compétitivité commerciale et industrielle du Sénégal.
Les ZES sont des zones géographiques délimitées qui offrent des avantages fiscaux, réglementaires et infrastructurels spécifiques pour attirer les investisseurs nationaux comme étrangers et stimuler le développement économique. Depuis 2017 le gouvernement a créé 5 ZES. Il s’agit du parc industriel de Diamniadio, de la ZES intégrée de Diass, la ZES de Sandiara, la ZES de Bargny dont les travaux doivent démarrer en début 2024 et la ZES de Fatick où l’Etat vient d’injecter 60 milliards lors du dernier conseil des ministres décentralisés. Au total les ZES ont déjà créé 3.040 emplois sur 123.000 emplois attendus à terme. L’investissement privé réalisé dans les ZES s’élève au total à 104.2 milliards et l’état a déjà investi, pour le moment, 60.2 milliards dans les ZES.
Voici 8 canaux par lesquels les ZES contribuent déjà à la compétitivité du Sénégal, six ans après leur début : Attraction des investissements étrangers : Les incitations fiscales et réglementaires offertes dans les ZES peuvent attirer les investisseurs étrangers, stimulant ainsi les investissements directs étrangers (IDE) dans des secteurs clés comme l’agroalimentaire, l’énergie, le numérique et surtout la transformation des matières premières. Développement industriel : Les ZES peuvent servir de plateformes pour le développement de secteurs industriels spécifiques, en favorisant la création de clusters d'entreprises et en encourageant la diversification économique. Création massive d'emplois : Les investissements dans les ZES peuvent générer des emplois locaux, réduisant ainsi le chômage et contribuant au développement social et économique du pays. Déjà plus de 3000 emplois sont créés par les ZES après 6 ans d’existence et concernant juste la phase de décollage. Lorsque les ZES auront atteint leur vitesse de croisière elles auront un potentiel de création de centaines de milliers d’emplois. 4.Transfert de technologie : Les ZES peuvent encourager le transfert de technologies de pointe, en favorisant la collaboration entre les entreprises nationales et étrangères, ce qui peut renforcer les capacités technologiques locales. Dans les critères d’éligibilité, l’Etat exige aux entreprises de renforcer les capacités de leurs employés et parfois l’Etat exige l’inclusion dans le personnel des entreprises d’étudiants sortant de certains centres de formation comme le lycée technique de Sandiara ou l’université du Sine Saloum de Kaolack. Infrastructures améliorées : Les ZES nécessitent souvent des infrastructures de qualité pour attirer des entreprises. Les investissements dans ces infrastructures bénéficieront non seulement aux entreprises situées dans la ZES mais auront également des retombées positives sur les régions environnantes. Par exemple, l’aménagement de la ZES de Diass nécessite la construction de bretelles reliant l’autoroute à la ZES de même que les branchements électriques, en eau ou en réseaux bénéficieront aux populations environnantes. Amélioration de la productivité : Les ZES peuvent mettre en place des conditions favorables à la productivité, notamment des procédures douanières simplifiées, des réglementations du travail flexible et des incitations à l'innovation. Par exemple, l’Etat permet aux entreprises dans les ZES de faire des CDD longs mais aussi met à leur disposition un guichet unique permettant d’accélérer les procédures administratives. Stimulation des exportations : Les entreprises opérant dans les ZES peuvent bénéficier d'avantages liés aux exportations, ce qui favorise la compétitivité sur les marchés internationaux. Dans la plupart des ZES l’Etat exige que les entreprises exportent plus de 50% de leur chiffre d’affaires. Ceci permet de booster nos exportations et, par ricochet, améliorer notre balance commerciale. Renforcement de la compétitivité régionale : Les ZES peuvent également renforcer la compétitivité du Sénégal dans la sous-région en créant des hubs économiques qui permettent de tirer plein profit de la zone de libre-échange continentale sur des filières sur lesquels le Sénégal possède un avantage comparatif comme le sel, les cuirs et peaux, le numérique, les services financiers etc. Le gouvernement veille rigoureusement à la mise en place d'une gouvernance efficace, à la transparence et à la durabilité environnementale lors de la création et de la gestion des ZES. Ceci garantira que les avantages économiques atteignent l'ensemble de la population et que les ZES contribuent de manière équilibrée au développement économique du pays.
La Coopération internationale ne risque-t-elle pas de prendre un sacré coup avec l’instabilité des marchés et le contexte international difficile ? Quelle est la capacité de résilience et d’adaptation du Sénégal vis-à-vis des bailleurs et donateurs ?
Depuis 2022, l’Economie mondiale est marquée par le relèvement de l’inflation qui, à son tour, s’est traduite par le durcissement des conditions de financement réduisant davantage la capacité des pays à faible revenu à mobiliser des ressources externes pour financer le Développement durable. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a défini une batterie de mesures : La première mesure consiste à renforcer l’assainissement du cadre macroéconomique, à travers : l’amélioration de la mobilisation des ressources budgétaires pour l’élargissement de l’assiette ; la maîtrise des dépenses publiques, en particulier les dépenses de fonctionnement ; le renforcement de l’efficacité de l’investissement public. Considérant la situation instable des marchés et le contexte international difficile, le Gouvernement va poursuivre sa stratégie de maitrise de la dette et du déficit public à travers la Stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SRMT), avec un taux annuel d’augmentation des recettes internes de l’ordre de 20,5%, la rationalisation des dépenses courantes, en particulier les subventions énergétiques, ainsi que le renforcement et l’efficacité des investissements publics via une meilleure sélection et structuration des projets publics.
Cette mesure permet d’accroître l’espace budgétaire et de renforcer la confiance des Partenaires au développement. La suspension de l’intervention du Sénégal sur le marché financier international (eurobond) au profit des ressources concessionnelles des partenaires traditionnels. Pour ce qui est de la stratégie de financement, la collaboration avec les partenaires au développement va privilégier les financements à taux concessionnels mais également développer la stratégie des Partenariats Public Privé (PPP) pour disposer de plus de leviers d’impacts sur l’économie. Ainsi, un financement concessionnel est privilégié avec un élément don d’au moins 35%. Pour les projets rentables, un financement semi-concessionnels est possible, c’est-à-dire entre 15% et 25% d’éléments de don. Concernant les projets commerciaux à rentabilité beaucoup plus élevée, les éléments de don sont inférieurs à 15%. L’optimisation de l’intervention du Sénégal dans le marché financier régional pour l’émission de titres publics (Bons de Trésor et Obligations). Le recours à des couvertures de change et de garanties (SWAP) fournies par des partenaires comme la Banque Africaine de Développement et la Banque Islamique de Développement , pour réduire les coûts des financements et donc palier à la situation actuelle qui caractérise le marché mondial. A moyen terme, le Gouvernement bénéficiera de ressources budgétaires importantes liées à l’exploitation des hydrocarbures (pétrole et gaz) qui favoriseront le reprofilage de la dette publique. Parallèlement, il entend tirer un plus grand profit des financements verts, notamment pour adresser les problématiques liées aux changements climatiques.
C’est donc vous dire que le Gouvernement a une batterie de mesures et d’actions pour renforcer la résilience de l’économie et, surtout, celle des populations, notamment les plus vulnérables, à travers les aides et transferts monétaires et les programmes sociaux.
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Permettez-moi avant de répondre à votre question, de remercier une fois de plus Monsieur le Président de la République Son Excellence Macky SALL, pour la confiance placée en moi, en me nommant Ministre de l’Economie du Plan et de la Coopération. C’est un grand honneur et une immense responsabilité.
Je saisis l’occasion pour lui exprimer ma plus profonde reconnaissance pour l’opportunité qu’il m’offre de servir mon pays et de continuer à l’accompagner dans la mise en œuvre de ses orientations économiques.
Je voudrais aussi exprimer ma fierté de faire partie des témoins privilégiés de sa détermination à faire avancer la République pour ouvrir une nouvelle ère pour le Sénégal, et sa ferme volonté de bâtir un état moderne, prometteur d’un avenir meilleur, auquel il continue de consacrer toute son énergie.
Pour en revenir à votre question, je rappelle, comme vous le savez d’ailleurs, que le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC) est le moteur de l’organisation de l’économie sénégalaise.
Dans l’architecture gouvernementale, le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération est chargé de préparer et d’appliquer la politique définie par le chef de l’Etat, en matière économique et financière, de planification du développement, de population, de statistiques et de coopération.
Cela dit, sa mission est d’assurer la mise en place de politiques et stratégies aux fins de stimuler le développement de l’ensemble des secteurs de l’économie sénégalaise et ainsi créer les conditions d’une croissance durable et inclusive.
En résumé, en tant que ministre en charge de l’économie, j’ai la responsabilité d’interpréter sans fausse note, c’est à dire de la manière la plus harmonieuse qui soit, et sous l’orchestration de Monsieur le Premier Ministre Amadou Ba, une partition écrite par Son Excellence M. le Président de la République Macky Sall.
C’est lui qui a, en effet, fixé la trajectoire du Sénégal vers l’émergence et a mis le rayonnement international de notre pays, sa stabilité politique et la solidité de ses institutions, au cœur de la dynamique économique.
Cette dernière, je le rappelle, a été enclenchée depuis 2012, à travers un solide plan de croissance, qui s’attache à créer de l’emploi et à protéger le pouvoir d’achat des sénégalais pour améliorer de leur vie quotidienne.
C’est un défi qui répond à un enjeu, à la fois, démographique et sociétal. Les résultats du tout dernier recensement de la population montrent l’importance de la frange jeune de notre pays.
Qui dit avenir, dit jeunesse. Nous allons donc, dans notre mission, aider les jeunes, à travers le secteur privé national et l’entreprenariat, à porter la promesse d’une croissance créatrice de prospérité. Ce sera à cette jeunesse, si entreprenante, de créer l’étincelle d’une véritable souveraineté économique. Ces jeunes dont je veux louer ici le dynamisme économique, constituent le socle de la dynamique de ce « Sénégal du Futur », d’émergence et de souveraineté, dont le Président de la République ne cesse de poser les jalons. Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération est une pièce maîtresse de ce projet économique présidentiel.
Récemment, vous venez de signer trois (3) conventions de financement en soutien au développement de notre réseau d’infrastructures autoroutières, aéroportuaires et pour l’assainissement de la nouvelle ville de Diamniadio. Quelle est la portée économique et sociale de ces financements pour l’économie urbaine et locale ?
Il s’agit de trois (3) conventions de financement signées, à Lomé, avec la BIDC et la BOAD, en soutien au développement de notre réseau d’infrastructures autoroutières, au prolongement du Train Express Régional (TER) vers l’aéroport Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) et au développement du réseau d’assainissement de la nouvelle ville de Diamniadio. Le montant global de ces trois accords est de 100 milliards de francs CFA.
La première convention signée avec la BIDC concerne le financement de la construction du tronçon Tivaouane-Mékhé de l’autoroute à péage Dakar-Tivaouane-Saint-Louis. La deuxième convention, également, signée avec la BIDC est relative à la construction d’une station d’épuration de réseaux d’assainissement et de travaux d’urgence d’aménagement intégré de la voirie primaire du pôle urbain de Diamniadio.
Ces deux financements d’un montant global de 65 milliards sont la consécration de la mise en œuvre de la stratégie ambitieuse du Sénégal d’amplification de sa politique de développement économique qui passe aussi par la modernisation de ses infrastructures. La BIDC et le gouvernement du Sénégal sont en parfaite adéquation pour donner une impulsion encore plus vigoureuse à leur partenariat, dont l’essence est d’améliorer le mieux-être de nos populations.
La troisième convention de financement, d’un montant de 35 milliards, a été signée avec la BOAD. Elle est relative au prolongement du TER de Diamniadio vers l’Aéroport International Blaise Diagne. Ainsi, la future connexion ferroviaire mettra le cœur de la capitale à trois quarts d’heure de notre principale plateforme aéroportuaire. En effet, faire de Dakar un hub aérien à l’horizon 2035 passe aussi par la garantie d’une meilleure accessibilité de son aéroport de référence. La future liaison ferroviaire entre l’aéroport et le centre de la capitale sénégalaise va procurer aux usagers de l’AIBD une expérience voyageur comparable à ce qui se fait de mieux dans le monde.
En somme, le Sénégal peut aujourd’hui se prévaloir d’une coopération étroite et fructueuse avec les Institutions financières africaines et internationales fondée sur sa crédibilité financière, sa stabilité politique et la pertinence de ses projets d’infrastructures structurantes et générateurs de croissance.
Votre Ministère, à travers l’Agence Nationale de Statistique et de la Démographie (ANSD) , a été la main d’œuvre du dernier recensement de la population. Quels enseignements socioéconomiques pourrait-on tirer de ces résultats ?
Je voudrais tout d’abord féliciter l’ANSD pour ce travail minutieusement réalisé, qui répond à l’engagement international pris par le Gouvernement auprès des Nations unies, de procéder, chaque 10 ans , à un recensement général. C’est le lieu également de remercier toute la population sénégalaise pour leur franche collaboration et la fiabilité des informations fournies ainsi que l’ensemble des partenaires au développement pour leur appui constant et multiforme pour la réalisation de cette opération. Il faut préciser que l’Etat du Sénégal a apporté 99% du financement des activités de ce recensement.
Comme vous le savez, le Recensement général de la Population et de l’Habitat permet de recueillir et de déterminer les besoins des sénégalais afin de mieux planifier le processus de développement économique et social ainsi que de mettre en place les équipements et infrastructures adéquats. Pour rappel, le Sénégal est à son cinquième recensement (RGPH-5) depuis 1976, dont deux (2) réalisés sous le magistère du Président Macky SALL, en 2013 et en 2023.
Cette édition intervient donc dans un contexte opportun qui est celui de la formulation de la troisième phase du Plan d’Actions prioritaires (PAP) du PSE, pour la période 2024-2028. Les données mises à jour nous permettent d’affiner nos stratégies au bénéfice de toutes les couches sociales, pour ne laisser aucun sénégalais en rade.
Les enseignements du RGPH-5 sont multiples : Une population marquée par sa jeunesse La moitié de la population est âgée de moins de 19 ans et plus de trois-quarts de la population a moins de 35 ans. Ce premier constat appelle à la mise en place d’une politique publique holistique d’éducation, de santé, de nutrition, de formation et d’emplois. Une population concentrée sur l’axe Dakar-Thiès-Diourbel Le second enseignement de ce recensement est la concentration de la population sur le triangle Dakar-Thiès-Diourbel. Le département de Mbacké, avec 1 359 757 habitants, devient le plus peuplé du Sénégal, suivi de celui de Dakar (1 182 416 habitants) et l’Est du territoire national reste encore faiblement peuplé. Ce constat vient confirmer l’opportunité de renforcer le triangle de prospérité identifié dans le PAP-1 (2014-2018), Dakar-Thiès-Diourbel. Cet axe est sans conteste un cadre d’attractivité, de productivité et d’expansion de la richesse nationale. Près de la moitié des ménages pratique une activité agricole Le troisième constat est que 45,6% des ménages du Sénégal pratiquent une activité agricole, soit 908 628 ménages.
L’agriculture constitue un pilier fondamental de la Politique de développement du Sénégal. Depuis 2014, davantage d’efforts ont été consentis pour améliorer la production et la productivité par l’accompagnement des producteurs dans l'accès aux intrants et au matériel agricole, afin d’accroitre les revenus des producteurs. Le Sénégal fait partie des pays qui consacrent au moins 10% de leur budget national au secteur agricole, conformément à l’engagement de Maputo. Ratio homme/femme en faveur des hommes : 50,6% d’hommes et 49,4% de femmes Les résultats montrent également qu’il y a globalement plus d’hommes que de femmes avec un rapport de masculinité global de 102 hommes pour 100 femmes. En effet, ce ratio en faveur des hommes s’explique par l’accroissement de l’effectif des jeunes garçons dans la tranche d’âge des moins de 15 ans, avec un rapport de 110 garçons pour 100 filles.
En revanche pour les tranches d’âges 15-34 ans et 60 ans ou plus, la tendance s’inverse en faveur des femmes avec respectivement 98 et 93 hommes pour 100 femmes.
Ces résultats peuvent s’expliquer par les performances en matière de santé de la mère et de l’enfant. A ce titre, le Sénégal est classé parmi le groupe des pays réalisant les meilleures performances au monde. Sur la première décennie de mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE), les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle ont connu des baisses drastiques. En effet, la mortalité maternelle a été réduite de moitié pour se situer à 193,3 décès pour 100 mille naissances vivantes tandis que la mortalité infanto-juvénile a baissé de 19 pour mille, pour s’établir à 35 décès pour mille naissances.
En somme, c’est dire que les résultats du RGPH-5 arrivent à un moment opportun de la vie de notre nation. Et j’ose espérer que la lumière qu’elle apporte au PAP-III va définitivement installer l’économie nationale sur la rampe de l’émergence en 2035.
Également, le PAP 3 qui est en phase de finalisation accorde une place de choix aux secteurs émergents. Quels sont ces secteurs émergents ? Comment la taxonomie de ces secteurs devrait-elle permettre de booster la transformation structurelle de l’économie ?
L’élaboration du PAP III a été l’occasion de procéder à un diagnostic complet de la première décennie de mise en œuvre du PSE et de relever les secteurs porteurs de la dynamique de création de richesses et d’emplois. Cet exercice a été rendu possible par la réalisation d’une taxonomie qui constitue une classification des branches d’activités économiques en quatre (04) grands secteurs parmi lesquels les secteurs émergents et les secteurs moteurs de croissance.
Les secteurs émergents sont les branches d’activité qui font dans la seconde phase du PSE (2019-2023) de bonnes performances économiques, avec un taux de croissance supérieur ou égal à 7%, en comparaison à la période antérieure (2014-2018). Il s’agit de : l’hébergement et la restauration, la fabrication de produits agroalimentaires, les activités immobilières et le transport, les activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives.
Les secteurs moteurs sont les branches d’activité qui faisaient et continuent de faire de bonnes performances économiques. Il s’agit des activités extractives, des services financiers, de la construction, de la production et de la distribution d’électricité et de gaz, des activités spécialisées scientifiques et techniques, de l’agriculture et activités annexes, et de la fabrication de produits chimiques de base.
Les secteurs émergents et moteurs, constituant 44% du PIB, sont fondamentaux dans l’orientation des investissements. Pour les cinq prochaines années (2024-2028), le Gouvernement adressera les cinq (05) défis ci-après, pour consolider la position du Sénégal sur la trajectoire de l’émergence, à l’horizon 2035 : la construction d’une économie compétitive, inclusive et résiliente ; le développement d’un capital humain de qualité et capture du dividende démographique ; le renforcement de la résilience des communautés face aux risques de catastrophes ; la consolidation de la gouvernance et d’une Administration publique moderne, transparente et performante ; l’adaptation d’un financement intégré de l’économie. L’objectif global du PAP III est d’impulser une croissance inclusive et durable à travers l’accélération de l’industrialisation et la promotion d’une économie résiliente. Pour y parvenir, le Gouvernement s’appuiera sur neuf (09) domaines moteurs : la Souveraineté alimentaire, le Hub Multiservices et Tourisme, la Modernisation graduelle de l'Économie sociale, le Développement durable, l’Habitat social et l’écosystème de la construction, la Transition et la sécurité énergétiques, les Infrastructures et Hub logistique industriel et régional, l’Industrialisation et la Transition numérique.
Ces domaines regroupent un portefeuille de projets et de réformes dont l’exécution obéit à une logique de filières, en lien avec la Stratégie de développement du Secteur privé qui a identifié 24 filières à haut potentiel de valeur ajoutée et de création d’emplois. La mise en œuvre du paquet de réformes permettra l’essor d’un secteur privé national fort et le renforcement de l’inclusion financière.
Les zones économiques spéciales (ZES) constituent une priorité dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE). Cette initiative pourrait-elle permettre au Sénégal d’atteindre une compétitivité commerciale et industrielle ?
Oui ! les zones économiques spéciales (ZES) peuvent jouer un rôle crucial dans le renforcement de la compétitivité commerciale et industrielle du Sénégal.
Les ZES sont des zones géographiques délimitées qui offrent des avantages fiscaux, réglementaires et infrastructurels spécifiques pour attirer les investisseurs nationaux comme étrangers et stimuler le développement économique. Depuis 2017 le gouvernement a créé 5 ZES. Il s’agit du parc industriel de Diamniadio, de la ZES intégrée de Diass, la ZES de Sandiara, la ZES de Bargny dont les travaux doivent démarrer en début 2024 et la ZES de Fatick où l’Etat vient d’injecter 60 milliards lors du dernier conseil des ministres décentralisés. Au total les ZES ont déjà créé 3.040 emplois sur 123.000 emplois attendus à terme. L’investissement privé réalisé dans les ZES s’élève au total à 104.2 milliards et l’état a déjà investi, pour le moment, 60.2 milliards dans les ZES.
Voici 8 canaux par lesquels les ZES contribuent déjà à la compétitivité du Sénégal, six ans après leur début : Attraction des investissements étrangers : Les incitations fiscales et réglementaires offertes dans les ZES peuvent attirer les investisseurs étrangers, stimulant ainsi les investissements directs étrangers (IDE) dans des secteurs clés comme l’agroalimentaire, l’énergie, le numérique et surtout la transformation des matières premières. Développement industriel : Les ZES peuvent servir de plateformes pour le développement de secteurs industriels spécifiques, en favorisant la création de clusters d'entreprises et en encourageant la diversification économique. Création massive d'emplois : Les investissements dans les ZES peuvent générer des emplois locaux, réduisant ainsi le chômage et contribuant au développement social et économique du pays. Déjà plus de 3000 emplois sont créés par les ZES après 6 ans d’existence et concernant juste la phase de décollage. Lorsque les ZES auront atteint leur vitesse de croisière elles auront un potentiel de création de centaines de milliers d’emplois. 4.Transfert de technologie : Les ZES peuvent encourager le transfert de technologies de pointe, en favorisant la collaboration entre les entreprises nationales et étrangères, ce qui peut renforcer les capacités technologiques locales. Dans les critères d’éligibilité, l’Etat exige aux entreprises de renforcer les capacités de leurs employés et parfois l’Etat exige l’inclusion dans le personnel des entreprises d’étudiants sortant de certains centres de formation comme le lycée technique de Sandiara ou l’université du Sine Saloum de Kaolack. Infrastructures améliorées : Les ZES nécessitent souvent des infrastructures de qualité pour attirer des entreprises. Les investissements dans ces infrastructures bénéficieront non seulement aux entreprises situées dans la ZES mais auront également des retombées positives sur les régions environnantes. Par exemple, l’aménagement de la ZES de Diass nécessite la construction de bretelles reliant l’autoroute à la ZES de même que les branchements électriques, en eau ou en réseaux bénéficieront aux populations environnantes. Amélioration de la productivité : Les ZES peuvent mettre en place des conditions favorables à la productivité, notamment des procédures douanières simplifiées, des réglementations du travail flexible et des incitations à l'innovation. Par exemple, l’Etat permet aux entreprises dans les ZES de faire des CDD longs mais aussi met à leur disposition un guichet unique permettant d’accélérer les procédures administratives. Stimulation des exportations : Les entreprises opérant dans les ZES peuvent bénéficier d'avantages liés aux exportations, ce qui favorise la compétitivité sur les marchés internationaux. Dans la plupart des ZES l’Etat exige que les entreprises exportent plus de 50% de leur chiffre d’affaires. Ceci permet de booster nos exportations et, par ricochet, améliorer notre balance commerciale. Renforcement de la compétitivité régionale : Les ZES peuvent également renforcer la compétitivité du Sénégal dans la sous-région en créant des hubs économiques qui permettent de tirer plein profit de la zone de libre-échange continentale sur des filières sur lesquels le Sénégal possède un avantage comparatif comme le sel, les cuirs et peaux, le numérique, les services financiers etc. Le gouvernement veille rigoureusement à la mise en place d'une gouvernance efficace, à la transparence et à la durabilité environnementale lors de la création et de la gestion des ZES. Ceci garantira que les avantages économiques atteignent l'ensemble de la population et que les ZES contribuent de manière équilibrée au développement économique du pays.
La Coopération internationale ne risque-t-elle pas de prendre un sacré coup avec l’instabilité des marchés et le contexte international difficile ? Quelle est la capacité de résilience et d’adaptation du Sénégal vis-à-vis des bailleurs et donateurs ?
Depuis 2022, l’Economie mondiale est marquée par le relèvement de l’inflation qui, à son tour, s’est traduite par le durcissement des conditions de financement réduisant davantage la capacité des pays à faible revenu à mobiliser des ressources externes pour financer le Développement durable. Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a défini une batterie de mesures : La première mesure consiste à renforcer l’assainissement du cadre macroéconomique, à travers : l’amélioration de la mobilisation des ressources budgétaires pour l’élargissement de l’assiette ; la maîtrise des dépenses publiques, en particulier les dépenses de fonctionnement ; le renforcement de l’efficacité de l’investissement public. Considérant la situation instable des marchés et le contexte international difficile, le Gouvernement va poursuivre sa stratégie de maitrise de la dette et du déficit public à travers la Stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SRMT), avec un taux annuel d’augmentation des recettes internes de l’ordre de 20,5%, la rationalisation des dépenses courantes, en particulier les subventions énergétiques, ainsi que le renforcement et l’efficacité des investissements publics via une meilleure sélection et structuration des projets publics.
Cette mesure permet d’accroître l’espace budgétaire et de renforcer la confiance des Partenaires au développement. La suspension de l’intervention du Sénégal sur le marché financier international (eurobond) au profit des ressources concessionnelles des partenaires traditionnels. Pour ce qui est de la stratégie de financement, la collaboration avec les partenaires au développement va privilégier les financements à taux concessionnels mais également développer la stratégie des Partenariats Public Privé (PPP) pour disposer de plus de leviers d’impacts sur l’économie. Ainsi, un financement concessionnel est privilégié avec un élément don d’au moins 35%. Pour les projets rentables, un financement semi-concessionnels est possible, c’est-à-dire entre 15% et 25% d’éléments de don. Concernant les projets commerciaux à rentabilité beaucoup plus élevée, les éléments de don sont inférieurs à 15%. L’optimisation de l’intervention du Sénégal dans le marché financier régional pour l’émission de titres publics (Bons de Trésor et Obligations). Le recours à des couvertures de change et de garanties (SWAP) fournies par des partenaires comme la Banque Africaine de Développement et la Banque Islamique de Développement , pour réduire les coûts des financements et donc palier à la situation actuelle qui caractérise le marché mondial. A moyen terme, le Gouvernement bénéficiera de ressources budgétaires importantes liées à l’exploitation des hydrocarbures (pétrole et gaz) qui favoriseront le reprofilage de la dette publique. Parallèlement, il entend tirer un plus grand profit des financements verts, notamment pour adresser les problématiques liées aux changements climatiques.
C’est donc vous dire que le Gouvernement a une batterie de mesures et d’actions pour renforcer la résilience de l’économie et, surtout, celle des populations, notamment les plus vulnérables, à travers les aides et transferts monétaires et les programmes sociaux.
Lejecos Magazine