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Election Française : La violence de la déception


Rédigé le Jeudi 14 Avril 2022 à 13:11


L’élection présidentielle Française a vu Emmanuel Macron, président sortant gagner le premier tour avec 28% devant Marine Le Pen 23, 9%, Jean Luc Mélenchon 21, 95% des voix, et Éric Zemmour 7,5%, loin devant les candidates du PS Anne Hidalgo 1, 80 % et Valérie Pécresse 4,90%.
Cette élection s’est jouée donc dans un mouchoir de poche en configurant deux blocs, tant les scores se sont suivis de prés.


Qui l’eut imaginé ! Le parti Les Républicains (LR) héritier du RPF de De Gaulle, du RPR de Jacques Chirac et de l’UDF de Valérie Giscard D’Estaing, le Parti Socialiste de Jean Jaurès, François Mitterrand, tomber si bas dans une élection présidentielle ?
La France tiraillée entre le repli sur soi identitaire des partis et mouvements politiques populistes et souverainistes et, l’aspiration à une certaine France plurielle riche dans sa diversité des classes populaires et de l’intelligentsia de la gauche républicaine. Cette France est sans doute à la croisée des chemins.

L’Afrique subsaharienne retient son souffle, car intéressée par ces élections si lointaines de ses terres. Pourquoi ?

Après le 2 éme tour prévu pour le 24 Avril, on va forcément assister à une recomposition de l’espace politique au pays de Marianne. Celle-ci de toute évidence consacrera la fin des grands partis classiques pourvoyeurs de Chefs d’états depuis le début de la V éme République en 1958. En effet de De Gaulle à Hollande, le chef d’état en France est toujours venu soit de la droite classique du RPF (De Gaulle) de l’UDF (Giscard) du PS (Mitterrand et Hollande).

Valérie Pécresse réalise le plus faible score d’un candidat de la droite classique à l’élection présidentielle, avec moins de 5%, même son de cloche du côté des Socialistes, locomotive de la gauche Françaises avec un score de moins de 2% des voix. Toutes deux ne se verront pas rembourser leurs frais de campagne. Sacrilège. Des scores que le fort taux d’abstention (27%) ne suffit pas à expliquer. Loin s’en faut.

Des résultats qui préfigurent la disparition des partis classiques, rappelant étrangement une dynamique enclenchée chez nous au Sénégal, lorsque le PS, le PDS, l’AFP font piètre figure dans les compétitions électorales depuis quelques années, face à la montée des mouvements et partis…populistes.

Ainsi, il est étonnant de constater un repli identitaire et souverainiste dans un contexte très fortement marqué par la globalisation du monde.

Malgré son score Jean Luc Mélenchon, a incarné la gauche non alignée à l’idéologie social-démocrate et soutenu en cela par les classes populaires et l’intelligentsia progressiste qui lui ont permis d’atteindre les 21,7 % des suffrages.

Une déception qui a provoqué une violente réaction qui a causé des manifestations tout aussi violentes à Lyon dans le populeux quartier de la Croix Rousse, antre des ouvriers de la soie depuis le XIX éme siécle.

Cette situation préfigure une refondation de la géopolitique, notamment en ce qui concernent les relations entre la France et ses anciennes colonies en cas de victoire éventuelle de la candidate du RN, Marine Le Pen, dans un second tour à l’issue incertaine contre Macron après sa première tentative ratée de l’élection de 2017, qui a consacré l’arrivée de ce dernier à l’Elysée.

Marine Le Pen promet de remettre la France sur les rails en 5 ans. En commençant à mettre de l’ordre dans la politique migratoire et sécuritaire de la France, talon d’Achille de la stabilité au pays de Marianne, selon elle, en assurant la sécurité de la France.
L’héritière de Jean Marie Le Pen et du Front National porteuse d’une vision politique nationaliste identitaire, dans l’hypothèse d’une victoire au 2éme tour forcément prendrait des mesures discriminatoires et racistes. Or ils sont des millions à être Français d’origine hors de la métropole.

Lorsque concomitamment arrivent au pouvoir en Afrique, une génération souverainiste, et toute aussi populiste et donc anti intérêt Français, alors on peut s’attendre à des relations heurtées sur fonds de guerre et de crise multiforme.

Imaginons un instant le leader de Pastef au pouvoir au Sénégal et Marine Le Pen en France !
On aurait sans doute un bégaiement de l’histoire, lorsque De Gaulle lançait son fameux « Vous voulez l’indépendance ? Alors prenez la ! Pour dire donc que les revendications de soustraction de l’emprise Française risquent fort bien de trouver une oreille bienveillante en l’égérie du chantre du rejet de la mainmise    Française sur les ex-colonies.

Dans ce cas, on dirait alors à quelque chose malheur est bon. Mais quid des étrangers en France y compris des millions de Sénégalais dont Éric Zemmour disait qu’ils sont tous des trafiquants de drogue ?

La France sera-t-elle capable du sursaut républicain nécessaire pour endiguer la déferlante populiste bleue blanc rouge ? Cela passera nécessairement par un front républicain que seule la force d’une idéologie peut libérer, or donc, ça fait longtemps que celle-ci a déserté la vie politique en France et ailleurs.
Samba Moussa LY
 
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