FINANCEMENT VERT : La BAD à la manœuvre pour libérer le potentiel de l’Afrique


Rédigé le Lundi 21 Aout 2023 à 16:17


Les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) se sont tenues du 22 au 26 mai 2023 à Sharm El-Sheikh, la cité de la paix, en Égypte autour du thème « Mobilisation du financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte ». Les participants ont été invités en effet, à discuter des solutions pratiques pour lever des fonds pour le climat, notamment en tirant parti du capital naturel du continent.


Depuis le début du 21e siècle, la population de l’Afrique a presque doublé, tandis que son PIB a quadruplé.  Malgré tout, l’Afrique ne contribue actuellement qu’à environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), soit bien moins que la Chine (30,9 %), les États-Unis (13,5 %), l’Union européenne (7,5 %) ou l’Inde (7,3 %).

Pourtant l’Afrique est le continent qui subit le plus les effets du changement climatique, mais reçoit en revanche, le moins de financements pour y faire face. En effet, les besoins cumulés de financement qui permettraient d’aider l’Afrique dans sa lutte climatique sont estimés à 2 700 milliards de dollars américains entre 2020 et 2030. Les coûts d’adaptation climatique sont estimés entre 249 et 407 milliards de dollars américains sur la même période. Cependant, les ressources financières pour le climat ne parviennent en Afrique qu’au compte-gouttes, puisque le continent ne reçoit que 3 % du financement mondial de la lutte contre le changement climatique, dont 14 % proviennent du secteur privé, soit le taux le plus bas au monde.

« Il y a beaucoup à faire pour inciter le secteur privé à participer au financement de l’action climatique et de la croissance verte », a expliqué le président de la Banque africaine de développement, Dr Akinwumi Adesina, à l’ouverture des Assemblées annuelles de l’institution à Sharm El-Sheikh en Égypte.

Ces assemblées, ouvertes par le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, ont vu la participation de plusieurs dirigeants africains, notamment le président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine (UA) M. Azali Assoumani,  M. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA et  Emerson Nangagwa du Zimbabwe.

Toutes ces personnalités ont souligné à la tribune, « l’urgence climatique en Afrique » et ont appelé comme le Président Al Sissi à des « solutions créatives ». 

A quelque point de vue où on se situe « l’Afrique est dévastée par le changement climatique », a déclaré Akinwumi Adesina. Il voit le changement climatique comme un point commun aux différentes crises qui secouent plusieurs pays africains, notamment au Sahel.
L’exemple le plus illustratif est le lac Tchad qui a perdu 90% de sa superficie ce qui a des conséquences réelles sur l’émergence et le développement de Boko Haram.

La BAD trace la voie

La BAD est déjà à l’initiative pour le financement de l’action climatique en Afrique. C’est ainsi qu’en 2022, elle a investi 8 milliards de dollars dans les cinq priorités opérationnelles de la banque dénommées les « High 5 », afin de lutter contre la pauvreté et appuyer la reprise économique sur le continent. Ces investissements ont inclus le programme de facilité de production alimentaire d’urgence en Afrique qui s’élève au montant de 1,5 milliard de dollars, mis en œuvre en réponse à la crise alimentaire, comme l’a expliqué Mme Bajabulile Swazi Tshabalala, vice-présidente principale de la BAD, lors de la présentation du rapport financier et l’impact sur le développement.

En effet, 45% de ces investissements sont allés dans des projets intégrant la dimension climatique. Preuve supplémentaire de cet engagement, et 68% de ce montant sont allés au volet adaptation qui ne reçoit à ce jour que la portion congrue du financement climatique au niveau mondial. « En tant qu’organisation, nous prenons au sérieux le changement climatique et les gouverneurs nous ont soutenu dans ce que nous faisons dans ce domaine », explique M. Adesina.

Mais, poursuit-il, compte tenu des immenses besoins et face à des ressources publiques déjà limitées, il estime qu’il est impératif de renforcer la mobilisation des ressources du secteur privé. C’est tout le sens du thème de ces Assemblées annuelles intitulé : « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».

En effet, d’après l’économiste en chef de la BAD, Professeur Kevin Chika Urama, le secteur privé a tout intérêt à investir dans l’action climatique et les secteurs de la croissance verte, grâce aux immenses possibilités de rendement élevé qu’ils offrent. « En investissant dans ce secteur vous gagnerez de l’argent en faisant du bien à l’environnement », a-t-il lancé aux investisseurs lors de la présentation du rapport sur les Perspectives économiques de la BAD dans le cadre de ces Assemblées annuelles.

Pour le Président Adesina, quant à lui, l’Afrique ne pourra pas mobiliser les milliers de milliards de dollars dont elle a besoin pour financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, si elle ne valorise pas son capital naturel. Des pays comme le Botswana, qui abrite beaucoup de réserves d’animaux sauvages, le Gabon, ou encore les deux Congo, toute cette zone du bassin du Congo, qui constitue le poumon du monde, ne tirent pas encore profit de ce potentiel. « Nous travaillons avec ces pays pour voir comment valoriser davantage leur capital naturel, c’est-à-dire les forêts qui permettent la séquestration du carbone, afin de changer l’évaluation de leurs économies », indique-t-il.

Des niches d’opportunités pour le secteur privé

D’après le rapport de la BAD sur les Perspectives économiques de l’Afrique, il existe des opportunités d’investissement climatique d’environ 1000 milliards de dollars américains d’ici 2030, notamment dans les bâtiments à haut rendement énergétique, les transports à faible émission de carbone et les énergies renouvelables en Afrique.

En outre, l’investissement de 1800 milliards de dollars américains entre 2020 et 2030 dans l’adaptation et la résilience au climat pourrait générer des bénéfices nets de 7100 milliards de dollars américains pour les investisseurs du secteur privé à l’échelle mondiale. Le marché des véhicules électriques (VE) offre également des opportunités commerciales valant des milliers de milliards de dollars américains pour les investisseurs privés.

L’Afrique se trouve au centre de cette chaîne d’approvisionnement en raison de ses importantes ressources en lithium, cobalt, nickel, manganèse, graphite, fer et phosphate, des minéraux essentiels à la production de batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques et le stockage de l’électricité. Le continent abrite 25 % de la biodiversité naturelle et 30 % des ressources minérales de la planète, dont la plupart seront essentielles à la transition écologique.

L’Afrique dispose en effet, d’un important potentiel en matière d’énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydroélectrique et géothermique) et du potentiel d’énergie solaire le plus élevé au monde. « Les pays africains présentent le plus grand potentiel d’investissement dans les infrastructures et les technologies vertes, en raison entre autres, de leur faible niveau de développement, du nombre réduit d’infrastructures à fortes émissions, et de la faible fréquence des taux de défaillance en matière d’infrastructures et du faible taux de financement de projets, estimés à 5,5 % », indique ledit   rapport.

C’est pour toutes ces raisons que le président de la BAD, Dr Akinwumi Adesina, clame que « l’avenir de l’Afrique est vert ».
Malgré tout ce potentiel et l’urgence des transitions vertes, l’Afrique n’a enregistré que de faibles résultats en matière de croissance verte. Entre 2010 et 2021, l’Afrique comptait parmi les régions les moins performantes dans la réalisation des objectifs de croissance verte, derrière l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie de l’Est et le Pacifique, l’Amérique latine et les Caraïbes, mais au-dessus de l’Asie du Sud et du Moyen-Orient. En particulier, le continent n’a pas obtenu les résultats escomptés en matière de promotion des opportunités économiques vertes, telles que le commerce vert, l’innovation verte et l’investissement vert. La part des exportations de biens environnementaux dans les exportations totales du continent, (un indicateur du commerce vert), était la plus faible du monde, avec 1,5 % en moyenne sur la période 2010-2020, bien en deçà d’une moyenne d’au moins 3 % dans d’autres régions du monde.

Cette sous-performance est similaire pour l’emploi vert, mesuré par la part des emplois verts dans l’emploi manufacturier total, qui était en moyenne de 2,5 % en Afrique entre 2010 et 2018, soit moins de la moitié de la moyenne de 5,5 % pour le reste du monde.
Malgré les progrès réalisés en matière d’utilisation efficiente et durable des ressources et de promotion de l’inclusion sociale, le continent n’est pas encore parvenu à rattraper les autres régions du monde en matière de croissance verte. Commentant cette situation, l’économiste en chef de la BAD, Kevin Chika Urama, parle de « paradoxe du développement vert en Afrique ».
Combler le gap de financement

Une situation due, entre autres, au gap d’investissements privés pour l’action climatique. « Les flux actuels sont ridiculement bas par rapport aux besoins », déplore le président de la BAD, M. Adesina.
En effet, entre 2600 et 2800 milliards de dollars américains sont nécessaires d’ici 2030 pour mettre en œuvre les ambitions du continent en matière d’action climatique. C’est en tout cas les ambitions exprimées dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN) et soumises jusqu’au mois d’avril 2023. Sur une base annuelle, cela représente entre 234,5 et 250 milliards de dollars américains. Cependant, sur les 29,5 milliards de dollars américains de flux financiers climatiques totaux en Afrique en 2019 et 2020, le financement privé de 4,2 milliards de dollars américains représentait en moyenne plus de six fois inférieur au financement public (25,3 milliards de dollars américains), soit la proportion la plus faible parmi les principales régions du monde. Compte tenu du niveau actuel des flux de financement privé, le déficit de financement privé de l’Afrique en matière d’action climatique est donc estimé à environ 213,4 milliards de dollars américains par an. Ce qui représente environ 6,9 % du PIB projeté de l’Afrique, qui est de 3100 milliards de dollars américains en 2023. Donc 6% en moyenne jusqu’en 2030, en supposant que le secteur privé couvre l’intégralité du déficit des besoins de financement pour l’action climatique. Pour combler ce déficit d’ici à 2030, le financement climatique privé en Afrique devrait donc augmenter d’environ 36 % par an. Autant dire qu’il reste beaucoup à faire !

En tant qu’institution régionale de développement, la BAD polarise beaucoup d’espoir aujourd’hui. D’ailleurs, lors de la réunion de son conseil des gouverneurs, elle a reçu mandat de ses actionnaires d’investir encore plus dans l’agriculture pour la sécurité alimentaire, dans la souveraineté pharmaceutique, mais aussi et surtout dans les énergies renouvelables pour fournir de l’électricité aux 600 millions d’Africains qui n’en ont pas encore.

Prenant part au panel intitulé « Actions clés pour parvenir à une croissance inclusive et à un développement durable en Afrique », la ministre sénégalaise de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Mme Oulimata Sarr, n’a pas hésité à poser le débat, en invitant la BAD à prendre plus de risques.  « Les banques multilatérales de développement sont les prêteurs de dernier recours susceptibles de nous aider à financer nos projets de développement. A-t-elle dit, avant de poursuivre, « je n’aimerais pas qu’elles se transforment en banques commerciales plus soucieuses de leurs notes, que du développement ».  

« Mais demander aux banques multilatérales de développement des efforts supplémentaires suppose d’y consacrer des ressources additionnelles », répond aussitôt M. Adesina.

Qui estime que, l’adéquation du capital des banques de développement multilatérales doit faire l’objet d’un examen approfondi, car l’extension des travaux visant à mobiliser le secteur privé consommera du capital-risque or, la proportion de capital-risque disponible reste extrêmement faible. « La réalité est que les banques multilatérales de développement dépendent largement du capital exigible et que seule une petite partie de leur capital est libérée. Cela limite le capital-risque effectif qu’elles peuvent utiliser pour réduire les risques et obtenir des financements du secteur privé à grande échelle, en raison de limites prudentielles strictes qu’elles doivent respecter pour conserver et jouir de leur prestigieuse note de crédit « AAA ». Pour que l’idée de passer de « milliards à des milliers de milliards » se concrétise, il faudrait augmenter de manière significative le capital des banques de développement multilatérales, mais surtout la part de leur capital-risque déployable », indique le président de la BAD.

Le gouverneur de la Banque centrale de l’Égypte, Hassan Abdallah, ne dit pas autre chose, car il juge essentiel de préserver la qualité de signature de la BAD qui est l’institution la mieux notée sur le continent. « Je ne connais pas un seul pays africain noté AAA ; c’est cette qualité de signature qui permet à la BAD de lever des capitaux à des taux abordables, puis de les prêter aux pays membres en tenant compte de leur notation.  C’est une corde raide », a-t-il souligné.

Selon Dr Adesina, la BAD, compte tenu de son expérience et sa connaissance du terrain, est mieux placée pour attirer les capitaux privés en faveur de l’action climatique en Afrique. « Nous avons innové pour optimiser les ressources mises à notre disposition. Nous avons été la première et la seule banque multilatérale de développement à mettre en œuvre un programme de titrisation synthétique pour transférer une partie du portefeuille de nos prêts non souverains au secteur privé.

Mieux, il indique pour s’en féliciter que la transaction a rassemblé de nouveaux investisseurs qui n’avaient jamais été exposés au risque africain auparavant, pour se lancer dans une première exposition au risque de crédit sur le continent ».
En 2022, la BAD a conclu avec le soutien du Royaume-Uni une autre transaction innovante de transfert de risque de 2 milliards de dollars américains pour son portefeuille souverain, afin d’aider à généraliser le financement de l’action climatique.

Là aussi, il s’agit du premier transfert de risque de portefeuille par une Banque de développement multilatérale sur un portefeuille souverain comprenant des investisseurs du secteur privé (des fonds d’assurance de la place de Londres). Le Sénégal (37 millions d’euros) et l’Égypte (800 millions de dollars) sont les deux premiers pays à recevoir des financements par le biais de cette initiative dénommée « Room to Run » pour des projets d’accès à l’eau et à l’assainissement, et le recyclage de l’eau pour l’agriculture.
Toutefois, « nous devons faire plus pour verdir les infrastructures sur le continent grâce au financement du secteur privé ; l’avenir de l’Afrique est vert », souligne le président de la Bad. En juillet 2022, le Conseil d’administration de la BAD a approuvé l’émission de capitaux hybrides durables, que la Banque a imaginé et mis au point pour la première fois en 2021. « Ce capital sera multiplié par trois ou quatre grâce à l’émission d’obligations vertes, sociales et durables », promet M. Adesina.

La Banque africaine de développement reste la plus grande émettrice d’obligations sociales au sein des banques multilatérales de développement. Une émission de capital hybride durable est prévue pour bientôt. Enfin, la Banque africaine de développement va au-delà du financement de projets et adopte une approche systémique fondée sur des portefeuilles pour créer de nouvelles catégories d’actifs permettant aux investisseurs institutionnels de mettre en commun et de diversifier leurs risques.

L’Africa Investment Forum inauguré en 2018 par la Banque africaine de développement et ses partenaires est devenu la première plateforme d’investissement privé pour l’Afrique. Il a attiré plus de 142 milliards de dollars américains d’intérêts d’investissement vers l’Afrique en seulement quatre ans, soit 150 projets, de la part d’investisseurs du secteur privé africain et mondial, ainsi que d’investisseurs institutionnels. L’édition 2023 de l’Africa Investment Forum se tiendra du 8 au 10 novembre à Marrakech au Maroc.
A l’issue des Assemblées annuelles de Sharm El-Sheikh, le Conseil des gouverneurs de la BAD a approuvé la demande de la direction de tirer parti des fonds propres du Fonds africain de développement, afin de mobiliser davantage de ressources sur les marchés des capitaux. « Une fois pleinement mis en œuvre, le Groupe de la Banque pourrait débloquer jusqu'à 27 milliards de dollars pour aider les États à faible revenu et fragiles. Cela signifie que lorsque cela sera lancé, nous pourrons lever 4 milliards de dollars supplémentaires, ou même plus par cycle [tous les trois ans] pour ces pays les moins avancés à faible revenu », a déclaré M. Adesina lors de la cérémonie de clôture.
 
Pour un agenda de réformes de l’architecture financière internationale

Lors des Assemblées annuelles de Sharm El-Sheikh les dirigeants du continent ont appelé à une réforme de l’architecture financière mondiale, qui à leurs yeux ne répond pas aux attentes de l’Afrique et des pays en développement qui sont confrontés à de nombreux défis mondialisés. « L’architecture financière mondiale doit être modifiée pour relever plus efficacement les défis mondiaux et accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable. Pourtant, à seulement huit ans de l’échéance fixée pour les Objectifs de développement durable, le monde tarde à les atteindre. Fondamentalement, nous devons donc nous interroger sur la capacité de l’architecture financière mondiale à satisfaire aux besoins du monde, en particulier aux besoins et aux aspirations des pays en développement, et plus particulièrement à ceux de l’Afrique », a alerté M. Adesina.
 
L’Afrique aura en effet, besoin de 1 300 milliards de dollars américains par an pour satisfaire à ses besoins en matière de développement durable d’ici à 2030. En outre, pour se remettre des répercussions de la pandémie de Covid-19 et reconstruire les économies du continent, l’Afrique aura besoin jusqu’à 144 milliards de dollars américains par an d’ici là. Mais les financements disponibles qui permettraient de relever ces défis sont très limités, et de surcroit l’architecture financière mondiale doit s’attaquer aussi de manière décisive au changement climatique qui fait des ravages dans les économies africaines, selon M.Adésina, qui ajoute que le continent, qui ne représente que 3 % des émissions historiques de carbone, souffre de manière disproportionnée des effets du changement climatique ».  
 
Chaque année, l’Afrique perd entre 7 et 15 milliards de dollars américains à cause du changement climatique. Cette estimation devrait atteindre les 45 à 50 milliards de dollars américains par an d’ici à 2040. Comme mentionné plus haut, l’Afrique a besoin d’un apport moyen de 2 700 milliards de dollars américains pour mettre en œuvre les Contributions déterminées au niveau national (CDN) du continent d’ici à 2030. Pourtant, l’architecture financière mondiale n’assure que 3 % du financement mondial de l’action climatique pour l’Afrique. Le continent n’a reçu environ que 18,3 milliards de dollars américains par an de financement climatique entre 2016 et 2019. « Au rythme actuel, un déficit du financement climatique de 242,4 milliards de dollars américains par an subsistera jusqu’en 2030.
 
Cela sapera sans aucun doute les efforts que l’Afrique fournit pour soutenir sa résilience climatique et une transition énergétique juste », constate M. Adesina. Il est également urgent, dit-il, de réformer l’architecture financière internationale actuelle pour la rendre apte à une restructuration ordonnée de la dette, d’autant plus que la structure de la dette africaine a également changé de façon spectaculaire.
 
En effet, alors que la dette bilatérale représentait 27 % de l’endettement contre 52 % en 2000, aujourd’hui la dette commerciale représente 43 % de l’endettement total, contre 20 % en 2000. Le président de l’Union des Comores et président en exercice de l’Union africaine (UA), Azali Assoumani, qui a pris part à la cérémonie d’ouverture des Assemblées annuelles, a invité les pays riches à concrétiser leur promesse de réallouer 100 milliards de dollars de Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fmi en faveur de l’Afrique.
 
Ces fonds pourraient, selon Akinwumi Adesina, le président de la BAD, transiter par la Banque africaine de développement pour créer un effet de levier. « Nous pouvons multiplier par 3 ou 4 l’effet de levier des droits de tirage spéciaux. Cette réaffectation nous permettra également de fournir un financement plus important aux banques de développement régionales et nationales en Afrique, dans le cadre d’un financement en commun, afin d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable ».
 
Au cours de la 35e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine, les chefs d’État et de gouvernement ont appelé à la mise en place du Mécanisme africain de stabilité financière et ont demandé à la Commission de l’Union africaine et au Groupe de la Banque africaine de développement de travailler avec toutes les parties prenantes concernées pour accélérer l’opérationnalisation du mécanisme et sa croissance. Le Mécanisme africain de stabilité financière complétera les filets de sécurité mondiaux proposés par le FMI pour apporter un soutien en liquidités aux pays subissant une crise.

Lejecos Magazine


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