Khalifa, ceux qui l’ont suivis, depuis des débuts, savent que c’est une main de fer, dans un gang de velours. Sa témérité frise parfois l’inimaginable.
Lorsque, pour consolider son leadership, Abdou Diouf (un fonctionnaire propulsé en politique qui affirma être entré par accident pour cheminer par devoir) a voulu écarter « le cercle vicieux » … Khalifa alors tout jeune, à peine la vingtaine passée, était au-devant. Il fait alors montre d’une détermination, sans commune mesure, là où, ses ainés ont préféré faire profil bas devant l’histoire et leurs responsabilités.
Khalifa Ababacar Sall était également, en première ligne, dans le combat des rénovateurs, à la fin des années 90. En 2000, ce fut toujours lui qui porta la parole du bureau politique du Parti Socialiste (PS), pour annoncer l’inéluctable second tour, devant opposer le Président Abdou Diouf à l’opposant historique Me Abdoulaye Wade.
En 2012, bis repetita. Lorsque le Président Abdoulaye Wade a voulu rempiler pour un troisième mandat, KAS a été au-devant du combat de refus. Il s’est donné corps et âme, sans flétrir ni varié, dans sa posture.
En 2014, lorsque l’actuel Président a proposé un référendum, dans lequel tout n’était pas forcément « net », Khalifa a encore dit niet. Il a été au-devant de la mouvance du NON. Qui s’est retroussé les manches, pour amener la réponse qui sied à la mouvance présidentielle, en 2022, dans le cadre de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) autant dans les locales que les législatives ? Décidément, un certain Khalifa Ababacar Sall.
L’ancien patron des jeunesses socialistes a monté de toutes pièces la coalition YAW. Il a su remobiliser les troupes, direction 2024.
En vrai stratège, l’ancien maire de la capitale du Sénégal a noué un mariage de raison, avec une bonne frange de l’opposition dite radicale, renforçant son giron, démontrant au passage, qu’elle n’est la chasse-gardée de personne.
En annonçant sa candidature, à la présidentielle de 2024, dans un contexte électoral lié aux locales, Khalifa rappelle à qui le veut, qu’il se projette un destin politique, auquel il est légitime de par son statut. KAS peut occuper la plus haute fonction du pays. Il est en effet le Dernier Mohican, digne de ce nom, du Senghorisme.
L’homme à l’allure chancelante, à la parole mesurée, à la conduite républicaine, au calme olympien a toujours su s’imposer, dans les fosses aux lions. Le rappel profite aux contemporains.
Idrissa Diongue
Politologue-Chercheur