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Nomination d’un nouveau Premier Ministre : Macky Sall serait-il dos au mur ?


Rédigé le Lundi 29 Novembre 2021 à 10:58


Le poste de premier ministre a été supprimé de la constitution il y a à peine 18 mois, « pour réduire les goulots d’étranglements et fluidifier le processus de décision sur lequel le président de la république aura une emprise directe » et assurer une plus grande célérité dans l’action de l’état, avait-on pu lire dans un tweet de son conseiller en communication El Hadj Kassé. Contre toute attente, les Sénégalais ont appris avec une grande surprise, que le président Macky Sall a, lors du conseil des ministres du 24 Novembre, fait adopter un projet de loi visant la restauration du poste de premier ministre.


Nomination d’un nouveau Premier Ministre : Macky Sall serait-il dos au mur ?
Dans les pays de démocratie avancée, les modifications constitutionnelles, dont l’initiative est souvent partagée entre le président de la république, l’assemblée nationale et parfois le peuple, vont toujours dans le sens d’une adaptation ou d’une anticipation des textes de la charte fondamentale à l’évolution historique des sociétés.

Sous nos tropiques, elles revêtent le plus souvent un dessein opportuniste de préservation et de renforcement des pouvoirs du président élu. Or donc, le caractère sacré du texte fondamental qui scelle le pacte national, exige d’impérieuses nécessités pour toute modification.

« J’ai la ferme intention d’inscrire toutes les actions de l’état en mode fast track ».
C’est en ces termes que le président Macky Sall a annoncé son projet de suppression du poste de premier ministre, dès sa réélection au mois de Février 2019,

L’expression deviendra un leitmotiv et élément de langage de tous les responsables de la majorité présidentielle. Ainsi le 4 Mai, le poste de premier ministre sera supprimé, sans concertation avec la classe politique.

Une révision constitutionnelle qui était venue renforcer des pouvoirs déjà exorbitants du président de la république, en même temps qu’il supprimait la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée nationale et par conséquent le pouvoir de dissolution de celle-ci par le chef de l’état. Au demeurant, ce pouvoir de dissolution lui reste possible en vertu des pouvoirs exceptionnels que lui confère l’article 52.

A peine 18 mois après la suppression, qu’est ce qui peut bien motiver le vote, sans concertation avec les acteurs politiques là encore, et à la surprise générale, de ce projet de loi restaurant le poste de premier ministre ?

En tout cas la quasi-totalité des observateurs et la presse ont vite conclu à un aveu d’échec du mode fast track, constatant qu’il n’est pas parvenu à mener à leurs bons termes l’essentiel des grands dossiers de l’état, que ce soit le TER, le BRT et toutes les externalités possibles de l’émergence tant galvaudée.

Les raisons sont sans doute à chercher dans le contexte politique qui a vu naitre l’idée de cette restauration en catimini de la fonction de premier Ministre, marqué par la proximité d’élections territoriales décisives pour la majorité du président Sall, mais aussi par une profonde crise multiforme, et touchant presque tous les secteurs de la vie économique et politique du pays.

Contexte marqué aussi et surtout par de brulants dossiers judiciaires : affaire Sonko / Adji Sarr, Simon et Kilifa, Barthélemy Dias/Ndiaga Diouf, Boughazelli, Passeports diplomatiques, etc…

Des affaires judiciaires qui menacent la paix sociale et la stabilité du pays et qui charrient un flot de violences à l’image des évènements de mars 2021 ayant fait plus de 14 morts.

Des affaires qui auront surtout affectées la crédibilité du système judiciaire, décriée et critiquée, pour son parti pris, par une politique de deux poids deux mesures, si ce n’est son inertie devant les abus du pouvoir nombreux et manifestes.

Le régime de Macky Sall, attendu sur la question de sa troisième candidature est bien dans une mauvaise posture, le Chef de l’état exposé et vulnérable, multipliant le plus souvent des sorties malheureuses, parce que maladroites, qui finissent par irriter des populations prises dans l’étau d’une pauvreté qui a fini de toucher toutes les couches sociales.

Dans ce contexte, la restauration du poste de premier ministre, ressemble fort à la recherche d’un bouclier, un écran de protection d’un président à la légitimité contestée depuis sa réélection et dont la popularité est au bas des sondages à deux ans seulement de l’élection présidentielle de 2024.

En effet le président Macky Sall voit de plus en plus s’éloigner de lui, l’idée d’une possibilité de troisième candidature, si rien ne vient à renverser la tendance à l’impopularité qui est la sienne.  Serait-il dos au mur ?

Il s’y ajoute que le principe de la remise du compteur à zéro, comme l’avait essayé et obtenu gain de cause Me Wade en 2008, semble vivement contesté par l’opposition qui s’est radicalisée sur la question du nombre de mandats, en comptant son septennat comme étant le premier de son magistère.

En tout cas, cette 5éme modification de la constitution sous son ère ressemble fort bien à un tripatouillage procédant d’un calcul politicien, qui vise à assurer ses arrières, par la nomination d’un chef de gouvernement qui pourrait être un dauphin.
En choisissant le ministre de la santé Abdoulaye Diouf Sarr pour la candidature à la Ville de Dakar au détriment de l’ancien ministre des Affaires étrangères Amadou Ba, le président Macky Sall aurait-il promis à ce dernier le statut de dauphin par le poste de Premier ministre ? Wait and see !

La récurrence des modifications de la charte constitutionnelle, pose de sérieux problèmes dans la stabilité et l’équilibre des institutions et donc de la vie politique du pays.
 
 
Isidore Séne
 
 












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