POLITIQUE : Macky Sall , face à l’histoire


Rédigé le Mardi 5 Avril 2022 à 11:40


A deux ans de l’élection présidentielle, après des locales très disputées, et à quelque quatre mois des législatives dont l’issue va impacter le cours de l’histoire de notre jeune république, le président Macky Sall, qui a en charge la magistrature suprême, va faire face à l’histoire. Assurément.


Si l’APR, son parti, et la coalition BBY emportent les prochaines élections, le prochain Premier ministre attendu comme messie sera de son camp. Mais qui ? Pour quel projet politique ?

Par contre, si l’opposition est majoritaire au sortir de ces joutes, alors, une situation inédite se produira forcément, avec comme conséquence politique de ce changement : la cohabitation. Une situation politique qui veut que le président choisisse comme Premier ministre une personnalité de l’opposition victorieuse.

Dans l’un ou l’autre des deux cas, les supputations et les scénarios prospèrent dans les chaumières, les salons huppés et les bureaux cossus de Dakar, jusqu’au hameau le plus reculé du pays.

Quel Premier Ministre au sortir des législatives victorieuses et surtout pourquoi ?

Une chose est sûre : Macky Sall tient à sa majorité à l’assemblée nationale, et tout, dans ses actes et discours, révèlent un homme qui se projette au-delà des échéances à venir.
De la récupération, somme toute normale, de la victoire des Lions en finale de la CAN, en passant par l’inauguration et le baptême de ce joyau au nom de Abdoulaye Wade, son prédécesseur, jusqu’à ses sorties départementales sur les réseaux sociaux dénommées « Jokko ak Maky » , l’inauguration du pont de Foundioungne , et celle de l’hotel RIU de pointe Sarène, le président pose des actes qui portent à penser qu’il caresse le doux rêve d’un troisième mandat.

Il se susurre, que oui, il y pense, poussé par son égo, influencé par certains de son entourage, les puissances occidentales.
Le président Macky Sall penserait-il être le seul capable de diriger ce pays ? Si oui, il serait alors rattrapé par l’histoire, lui qui disait de Abdoulaye Wade en 2012, dans la même situation que lui aujourd’hui, « Il pense qu’après lui c’est le déluge ».
Au-delà de sa personne, on cite les alliés de BBY qui, au sortir des locales ont revu à la baisse leurs ambitions, si tant est qu’ils en aient encore. Il s’agit de l’AFP dont Moustapha Niasse le leader avait bien dit arrêter sa carrière politique et ne pas être candidat aux prochaines législatives et qui ne lâche rien. Car cela emporterait évidemment son poste de président de l’assemblée nationale. DU PS, devenu l’ombre de lui-même, où ronfle une Aminata Mbengue Ndiaye juste devenue soporifique et des autres partis qui ont toujours été des « Yobaaléma ».

Enfin, les lobbies et les puissances financières et industrielles Occidentales qui ont tant d’intérêts économiques dans le pays, ainsi que la Loge maçonnique penchent pour cette option.

Une posture qui n’enchante pas pourtant bon nombre d’Apéristes de la première heure, qui pensent que leur leader doit sortir par la grande porte, pour rendre service à la Démocratie sénégalaise en préservant sa stabilité , en entérant pour toujours le débat sur le 3éme mandat.

 Il pourra alors mettre sur orbite un candidat issu des rangs,  de l’APR. Ce faisant,  il serait élevé au rang de grands démocrates, il aurait encore avec son âge la possibilité de servir son pays et le continent à des stations toujours prestigieuses.
QUID du  Premier Ministre pur jus marron beige pourra polir son image de présidentiable et s’appuyer sur l’appareil du parti pour aller à la conquête des suffrages des sénégalais, et porter le pays à l’horizon 2035 ?

Si le locataire du palais de l’avenue Leopold Sédar Senghor, réputé joueur, qui instruit des listes parallèles aujourd’hui, pour les bannir au lendemain des élections, veut pousser le vice plus loin, il peut s’amuser à un scénario à la Medvedev !
Mettre en place un Premier Ministre, qui serait candidat, et en cas de victoire, faire un mandat, pour se retirer. Obséquieuse posture dont il faudra longtemps chercher candidat ! Mais sait-on jamais dans ce Sénégal où la politique est devenue juste un moyen de s’enrichir pour bien d’acteurs.

Quel Premier Ministre en cas de cohabitation : menace sur la stabilité

 L’hypothèse la plus redoutée est sans doute celle ou l’opposition remporterait la majorité à l’assemblée nationale au soir du 31 Juillet 2022. Dans ce cas à ne pas exclure, le président Macky Sall serait contraint de nommer un Premier Ministre issu des rangs de celle-ci.
Une hypothèse inédite et donc lourde de danger, si on sait que, président et premier ministre, aux intérêts divergents, doivent s’entendre pour gérer les affaires de la république. Or si le président définit la politique de la Nation, il appartient au Premier ministre de conduire celle ci.

Ce qui requiert un sens élevé du devoir, une grande disposition à la recherche de consensus et un souci permanent de l’intérêt supérieur de la Nation.

Cependant les événements liés à l’installation du nouveau maire de Guédiawaye, Ahmed Aidara, ceux liés à la tenue du Forum Mondial de l’eau, qui a vu Barthélemy Dias maire de la Ville jouer la dissidence, poussent à se demander si notre classe politique est suffisamment mûre pour l’expérience politique de la cohabitation.

Rien de moins évident et les relations conflictuelles entre Khalifa Sall, alors maire de la Ville de Dakar et le président de la république Macky Sall montrent que les intérêts partisans sont, pour nos dirigeants, au-dessus des intérêts des populations. Mieux, la pratique politique dans notre pays est très fortement marquée par l’esprit partisan. Dès lors on peut nourrir des inquiétudes fondées pour la stabilité des institutions et du pays si les résultats de Juillet 2022 conduisent à une cohabitation entre Macky Sall et l’opposition sénégalaise. Ce d’autant que le président de la république est dans une adversité et des conflits crypto personnels avec certaines grandes figures de ce camp politique.

Peut-on imaginer Macky Sall président ayant comme Premier Ministre, Khalifa Sall, Barthélémy Dias, Déthié Fall ou Malik Gakou ? Le tout est de savoir comment le président Macky Sall tient-il à marquer l’histoire de son pays.
Samba Moussa LY
 
 

 


Dans la même rubrique :