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Sénégal : Election Présidentielle - Une communication bavarde !


Rédigé le Lundi 26 Février 2024 à 11:56


L’entretien du président Macky Sall de ce jeudi 22 février 2024 restera sans nul doute dans les annales de l’histoire comme la sortie la moins brillante que le chef de l’Etat ait eu à faire pendant ces douze dernières années.


Si on passe sur la forme et le format, qui concerne plus ou moins les professionnels de la communication, c’est sur le fond que véritablement beaucoup de nos compatriotes, y compris moi- même, ont eu du mal à le suivre, jusqu’à décrocher parfois pour aller faire comme « les sallènes » nos cousins à plaisanterie qui dinent à cette heure.

Au total, les éléments de langages préparés ont manqué de substances, et les non questions sont apparues comme des débuts de réponses subliminales. Le Président Macky Sall veut prolonger son mandat. C’est ça la vérité !

Les grandes télévisions de propagande n’auraient pas fait mieux. N’en déplaise à ses thuriféraires qui depuis le départ s’épuisent à nous enfoncer dans nos « petits crânes écervelés » que Macky Sall n’y est pour rien, et que c’est le Parti Démocratique Sénégalais qui a pris l’initiative de la proposition de loi, qui visait à reporter l’élection, pour remettre en selle Karim Wade, définitivement exclu de la course à la présidentielle par le Conseil constitutionnel, pour cause de double nationalité et de parjure.

Le Hic c’est qu’ils omettent sciemment de dire que c’est Macky Sall qui a unilatéralement interrompu le processus électoral à quelques heures du démarrage de la campagne.

Heureusement le député Diop Sy de la majorité au pouvoir a rétabli aussitôt la vérité, et indiquant sur le plateau de la TFM que c’est Macky Sall le seul et unique instigateur de ce capharnaüm politico judiciaire.

Il faut rappeler que dans leur malice quasi maladive, les instigateurs de ce putsch manqué (Benno Bokk Yaakaar, la coalition au pouvoir et le PDS le Parti de Karim Wade ) ont voulu   faire porter la proposition de loi  sur le report de la présidentielle à M. Diop Sy qui, selon ses dires, n’a fait que proposer un amendement, portant sur la date de décembre pour éviter de sortir de l’année 2024. A ce jour il n’a jamais été démenti.

Dans cet exercice de « lavage à grande eau » de Macky Sall, les complotistes ont dû se rendre à l’évidence qu’« un crime n’est jamais parfait », pour reprendre une vieille expression des criminologues.

Tout cela est tombé à l’eau, le temps presse depuis la décision du Conseil qui a du coup annulé définitivement tout espoir aux experts en génétique des textes abscons, qui misaient sur une déclaration d’incompétence brandie fièrement par Ismaila  Madior Fall.  La suite on la connait.

Comme le boxeur qui a reçu un violent coup, ils sont restés groggy un moment se contentant d’un communiqué laconique de la présidence pour « prendre acte » au nom de Macky Sall.

Plus rien après, jusqu’au baroud d’honneur de ce jeudi 22 Février 2024 où Macky Sall, face au tollé soulevé au Sénégal et à l’étranger sur ses velléités de confiscation du pouvoir, veut reprendre la main en confiant à Racine Talla, Directeur général de la RTS, qui pour l’occasion s’est transformée en officine de propagande, le périlleux exercice d’organiser une face à Face avec la Presse.
Pour dire vrai cet exercice n’a rien donné au regard du contexte et des attentes adossées à l’invite du Conseil Constitutionnel pour organiser l’élection « dans les meilleurs délais ».

En lieu et place, Macky Sall a étalé son amertume, sa frustration et son dépit. Pis, il a étalé au grand jour, des lacunes historiques en évoquant à tort, la seconde Guerre mondiale pour justifier un éventuel abandon des poursuites contre ceux qui bénéficieraient de l’amnistie, qu’il prévoit d’accorder à travers une loi.

Non M. Le Président, pourquoi parle-t-on de la Justice des vainqueurs qui structure aujourd’hui l’architecture du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Que dire des tribunaux de Nuremberg et de Tokyo en 1945 et 46 ? Le Sénégal premier pays à ratifier le statut de Rome, ignore -t-il que les crimes passibles de la Cour Pénale International sont imprescriptibles.

Sidiki Kaba votre Ministre de l’intérieur n’a -t-il pas été Président de l’Assemblée des Etats parties du Statut de Rome.  Bref, c’est peut- être une erreur, mais le plus grave c’est qu’on a eu l’impression de constater un profond mépris pour l’intelligence des sénégalais qui vous ont écouté et qui étaient nombreux.

Lorsque vous disiez que les décisions du Conseil Constitutionnel sont hors de portée de toute révision, vous y croyez.  On veut bien vous le concéder.

Qu’est-ce qui a pu changer entretemps ? Vouloir lancer un dialogue avec des non candidats au sens du Conseil constitutionnel et vouloir faire de ce dernier un arbitre des conclusions de ce dialogue, relève ni plus ni moins d’une violation de votre serment.
Il ressort de ce long entretien avec la presse, que les Non-dits ont pris le dessus sur le discours en « mode esquive ». Rien sur votre engagement à organiser la présidentielle à une date connue qui ne dépasse pas le 02 Avril 2024.

Tout au plus on a retenu la décision de Macky Sall de quitter le pouvoir le 02 Avril. Pouvait-il en être autrement ? Toutefois, la grosse ambiguïté à laquelle les sénégalais vont faire face, par la faute du Président sortant, c’est d’arriver au 02 Avril et que l’élection ne se tienne pas, et que le processus ne soit pas enclenché.

Ce serait doublement dommage.

D’abord, dans le message du 03 Juillet 2023 à travers lequel le Président Macky Sall annonçait sa renonciation à une 3ème candidature, il n’avait pas manqué de souligner qu’il exercerait la plénitude de ses compétences jusqu’au 02 Avril (y compris organiser les élections), et qu’il ferait appliquer toutes les décisions de justice, notamment celles à l’encontre de son farouche opposant Ousmane Sonko.

Ensuite, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un président quitte la magistrature suprême en laissant son poste vacant, ou laissant au Conseil constitutionnel le soin de démêler un imbroglio, ce qui sonnerait comme une revanche sur la haute juridiction, qui a eu la témérité d’annuler son « décret- loi » anti constitutionnel.
Le peuple souverain l’attend sur ces questions cruciales.  Il espère que cette fois ci ça ne sera pas un rendez- vous manqué.
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